L'éruption de la montagne Pelée en 1902 est une éruption volcanique, la plus meurtrière du ; sa nuée ardente (ou nuage pyroclastique) du reste célèbre pour avoir en quelques minutes : entièrement détruit ce qui était alors la plus grande ville de l’île française de la Martinique, Saint-Pierre, décimé ses habitants et coulé une vingtaine de navires marchands. Cette éruption explosive est la catastrophe la plus meurtrière du en France et l'éruption volcanique la plus meurtrière au monde depuis celle du Krakatoa en 1883. La destruction de la ville et de ses alentours était inévitable, mais ses habitants et de nombreux marins ont été les victimes de décisions politiques et administratives sur instructions ministérielles : refus par le gouverneur de la Martinique, Louis Mouttet, de faire évacuer la ville et de laisser appareiller les navires ancrés dans la rade afin d’assurer le second tour de l’élection législative du.
L’éruption type de 1889/1905 dont la nuée ardente catastrophique du n’était qu’une phase, est une référence fondamentale de volcanologie : c’est la première éruption volcanique qui ait été scrupuleusement étudiée et décrite scientifiquement (par Lacroix, Heilprin, Jaggar, Perret et beaucoup d’autres). Pour désigner ce type d’éruption Lacroix a utilisé l’expression « éruption péléenne » et pour ses événements destructeurs, l’expression « nuée ardente ».
De par les conséquences humaines et matérielle de la sous-estimation d’un danger « naturel » imminent, cette éruption montre aussi l’importance de l’évaluation et de la prise en compte par les autorités des risques naturels, et notamment du risque volcanique. La nuée du a encore fait un millier de victimes ; par contre, l’éruption de 1929/1932 n’en a pas fait, car toute la population du Nord de l’île avait été évacuée à la suite du retour d’expérience des événements précédents.
La ville de Saint-Pierre s’étendait en bordure de sa rade bien protégée, sur environ de long et de large, aux pieds du flanc sud-ouest du volcan ; elle était entourée de plusieurs hameaux et villages ; le tout était directement exposé aux effets des éruptions.
Saint-Pierre, surnommée le Petit Paris des Antilles, avait été le chef-lieu de la Martinique jusqu'en 1692 et en était restée jusqu'à l'éruption de 1902 la capitale économique et culturelle. Elle avait une cathédrale, un théâtre, un lycée, un hôpital, une prison, une chambre de commerce, des consulats étrangers, un journal (Les Colonies) Son port, en fait un simple mouillage dans la rade, à environ du rivage, accueillait de nombreux navires marchands internationaux pour exporter le sucre et le rhum fabriqués dans ses usines.
Située au milieu de l’arc de subduction des petites Antilles qui compte une dizaine de volcans actifs, à l’extrémité nord de la Martinique, la montagne Pelée est un stratovolcan gris calco-alcalin, empilement subconique de blocs et de pyroclastites plus ou moins cimentés, enrobant un axe subvertical d’andésite, racine de deux dômes juxtaposés, celui de 1902 au nord-est et celui de 1929, le sommet le plus élevé : . Les dômes occupent l'est de la demi-caldeira de l’étang Sec, ouverte au sud-ouest vers Saint-Pierre qui s’étend à son pied. Le cône volcanique a une surface d'environ . Il est strié par un réseau dense de ravines rayonnantes dont la principale est la rivière Blanche qui part de l’étang Sec et se jette dans la rade, au nord de Saint-Pierre.
L’activité de la montagne Pelée, de type éruptif péléen, est modérée, avec des éruptions peu fréquentes, courtes, relativement faibles et lentes. Cependant, son dynamisme magmatique peut être violent et son évolution, difficilement prévisible.
En éruption, son magma d’andésite à labrador et hypersthène, très gazeux et très visqueux, produit des nuées ardentes par explosions violentes de dégazage, des lahars par pluies de condensation de vapeur d’eau volcanique et vidange d’étangs temporaires, construit des dômes ou des aiguilles plus ou moins vacuolaires instables, mais pas de coulées de lave. En , les scientifiques ont observé , sans émission de fumerolles.
La première phase d’activité de l’arc antillais se serait produite il y a d'années (Ma). La phase actuelle aurait débuté vers , d’abord au morne Jacob (environ ), et aux pitons du Carbet (environ ), puis au piton Conil (plus récent que ).
La montagne Pelée se serait formée il y a environ sur le bord nord de la dépression de Saint-Pierre entre le morne Jacob et le piton Conil. Lors de l’épisode actuel qui aurait débuté il y a environ , elle aurait eu une trentaine d’éruptions pliniennes ou péléennes, en groupes alternants plus ou moins longs et nombreux, non cycliques.
Vers 300, le volcan aurait produit une éruption qui aurait freiné le peuplement caraïbe de la Martinique. Peut-être à la suite d’une éruption au , les Caraïbes auraient appelé le volcan « montagne de Feu ».
Lors de l’arrivée des Français le , le volcan venait de produire une éruption péléenne — dôme dans le cratère sommital, plusieurs nuées ardentes, destruction de la végétation sur toute la surface du volcan d'où la dénomination de « montagne Pelée ».
Depuis, le volcan a eu quatre éruptions documentées en un peu plus de 200 ans : dynamisme phréatique en 1792 et 1851/1854 (paroxysme le ) ; dynamisme magmatique péléen en 1889/1905 (paroxysmes les et ) et 1927/1932 (paroxysme le ).
Après une accalmie d’une trentaine d’années, l’éruption a débuté en 1889 ; ses événements majeurs sont la nuée ardente du et celle plus puissante du . Le volcan est loin de s’être réveillé brusquement et de façon inattendue :
Les effets sans victimes, en grande partie limités aux alentours du cratère, des éruptions phréatiques de 1792 et 1851/1854 étaient connus mais vus comme des curiosités pittoresques. Il en fut ainsi jusqu’au , jour du premier tour de l’élection législative.
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